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Françoise Lacaze : « Entendre dire que je suis diabétique parce que j’ai mangé trop de sucre est une phrase qui me fait mal ».

Françoise Lacaze : Portrait d’une Bénévole Patient Expert et DT1

Découvrez le portrait de Françoise Lacaze, 68 ans, atteinte d’un diabète de type 1 et Bénévole Patient Expert à l’Association des Diabétiques d’Ile-de-France. Aujourd’hui, elle revient sur son parcours jonché d’obstacles, mais débordant de résilience.

La double peine

Françoise Lacaze a 68 ans et vit avec un diabète de type 1, son « compagnon pas toujours facile », depuis l’âge de 14 ans. Après une enfance douloureuse, marquée par le sentiment de ne pas pouvoir faire comme ses amis et incommodée par les analyses d’urines permettant de contrôler son taux de glycémie, Françoise fait face à de nombreuses injustices. « Je me souviens de repas terminés, en ayant encore faim. Je comptais mes nouilles dans mon assiette, pour contrôler le nombre de glucides ingérés. Mes parents avaient peur », se confie-t-elle avec mélancolie.  
Comme si la dureté de la maladie ne suffisait pas, la petite fille, qui rêvait de devenir professeure des écoles s’est heurtée à la double injustice des personnes atteintes d’un diabète dans les années 70, privées de nombreux métiers. Il fallait se faire à l’idée : tenter d’intégrer l’école normale lui aurait valu d’être recalée d’office à la visite médicale. Elle déclare finalement : « Heureusement que la Fédération est intervenue pour faire évoluer les choses, parce que maintenant la plupart des métiers sont autorisés aux diabétiques ». Finalement, Françoise fait carrière en tant qu’assistante de direction, tout en gardant en elle la volonté d’apporter son aide.

La Fédération Française des Diabétiques, une découverte salutaire

« Au début de ma maladie, mes parents étaient un peu perdus, ils cherchaient des informations, pour comprendre la maladie, ses complications. Ils se sont rapprochés de la Fédération, qui les a aidés. », déclare Françoise. C’est cette aide précieuse dont elle a bénéficié qui lui a donné envie, dès sa jeunesse, de s’engager auprès de la Fédération pour aider à son tour. 
« Lorsque l’Association des Diabétiques du Val-de-Marne (AFD 94) a été créée, je me suis rapprochée du président qui recherchait des bénévoles. Je me suis présentée et je suis devenue secrétaire de l’association ». Françoise est désormais Bénévole Patient Expert (BPE) au sein de cette même association, rattachée depuis à l’AFD Île-de-France, présidée par Claude Chaumeil.  « Finalement, c’est grâce à mes parents, qui ont fait le premier pas, que je me suis engagée ».

Un diabète de type 1, un cancer du sein : une vie sans répit

C’est peut-être à cause de son parcours de guerrière, digne d’une Amazone, que Françoise a soif de s’engager. Si elle avait plus de temps, la mère de deux filles qui se tient en face de nous s’engagerait dans d’autres associations, prônant des valeurs sociales d’inclusion et d’aide aux plus vulnérables. En attendant, Françoise remplit son emploi du temps entre bénévolat avec la Fédération, gymnastique, lecture, mots croisés, sorties entre amis et garde de ses petits-enfants. Personne ne devinerait que Françoise est une rescapée ayant aussi eu un cancer du sein il y a 8 ans, et conciliant sa vie avec le diabète de type 1 depuis 54 ans maintenant.

« J’agis pour casser les préjugés autour du diabète »

« Souvent, nous rencontrons des personnes qui ne connaissent pas bien la maladie, mais qui s’y intéressent. Nous leur expliquons alors ce que sont le diabète de type 1, le diabète de type 2, l'alimentation équilibrée, les traitements et les complications », nous explique Françoise, marquée par certains échanges.  Elle se souvient de certaines personnes qui, trop souvent, lui ont dit : « Tu es diabétique parce que tu as mangé trop de sucre », phrase qu’elle ne veut plus entendre, et un souvenir dont elle ne veut plus se rappeler. Aujourd’hui, elle est fascinée par les avancées technologiques des traitements depuis son enfance : « Il faut rester optimiste, apprendre à vivre avec le diabète. » Celle qui petite se piquait avec des seringues à stériliser, manie aujourd'hui avec soin sa pompe à insuline qui lui permet bien plus de libertés que dans sa jeunesse.

« Je suis passée par des hauts, des bas, mais il faut rebondir, rester optimiste malgré la difficulté. »

Nous quittons Françoise, portée par une philosophie de vie et une force impressionnante, pour qui le bénévolat restera pour toujours une vocation : « Lorsque nous sommes remerciés, nous nous sentons utiles, contents d’être bénévoles. », dit-elle humblement. Le bénévolat, chez Françoise est comme un grand moteur qui lui permet de toujours rencontrer, discuter, se sentir utile.

Si vous souhaitez rencontrer des personnes comme Françoise, vous engager, partager votre vécu avec un diabète, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre asso locale. Car il n’y a jamais assez de bénévoles !  

Crédit photo : ©Françoise Lacaze