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Témoignage

Mireille

En octobre 1956, 3 ans et 3 mois, on me découvre un diabète de type 1. Mes parents ont eu 6 enfants et je suis la seule diabétique. J'ai donc connu les injections avec les grosses aiguilles et les seringues que l'on faisait bouillir. Les tests urinaires avec le flacon qui chauffait et qui, après coloration du comprimé avec l'urine, indiquaient si j'étais « haute » ou pas, mais je ne connaissais pas du tout la quantité de grammes que j’avais dans le sang.

Vie quotidienne et diabète : aléas imbriqués

J'avais tout de même une année d'avance à l'école que j'ai perdue car j'étais jeune…

Je me souviens que ma mère me donnait 10 centimes lorsque je ne la faisais pas courir après moi pour me piquer. À 11 ans, je suis entrée en sixième et fatiguée par le rythme de changement de locaux, de montées et descentes d'escalier, je me suis retrouvée en coma hypo. J'ai eu alors la chance, lors de mon hospitalisation, de faire la connaissance d’un pédiatre qui m'a ouvert les portes d’un régime moins dur.

 

Je n'avais plus besoin de manger le pain de gluten que mes parents achetaient chaque semaine. Et j'ai appris à faire mes piqûres moi-même. Vive les lypodistrophies…

 

Je tombais souvent dans les rues car je faisais beaucoup d'hypoglycémies. Puis ce fut la catastrophe : le collège a désiré que je quitte l'établissement et a conseillé à mes parents des études courtes, alors que je pouvais en faire des longues.

 

Donc, à 17 ans à peine, j'ai obtenu un CAP de sténo-dactylo et j'ai travaillé à mon grand regret. J’aurais préféré aller en classe, mais il m'a fallu aussi travailler pour aider ma mère, veuve cette année là.

 

À 23 ans, j'ai eu l'opportunité de connaître les cures thermales à Vals-les-Bains. Changement de traitement : je suis passée à plusieurs injections par jour pour équilibrer mon diabète et j'ai appris la diététique.

Finies, les piqûres !

En 1982, j'en avais assez d'être agent technique qualifié à la Sécurité sociale. J'ai suivi une scolarité en six mois pour tenter le concours d'entrée à l'école d'infirmières. J'étais bien partie mais trop fatiguée : un coma acidocétosique m'a empêchée de passer le concours. J'ai fait une tentative de suicide et je m'en suis sortie. J'ai donc repris le travail mais dégoûtée.

 

En 1984, toujours à Vals-les-Bains, j'ai connu la pompe à insuline externe et je l'ai adoptée. J'étais mieux, tellement soulagée de ne plus me piquer... En 1985, je me suis mariée et je portais ma pompe dans un sac en bandoulière posé sur l'épaule, ni vu ni connu. C'est là que j'ai eu mon fils Nicolas. On m'avait toujours dit : « pas d'enfants ! » Mon fils est un bébé stérilet... Trois ans après, j'ai eu Stéphanie.

 

Que de bonheur, ces deux enfants ! J'ai fait plusieurs acidocétoses car ma vie de couple n'était pas enviable... je passe les détails. En 1990, je me suis retrouvée en invalidité. En 1999, me voilà seule avec mes deux enfants.

 

En 2000, j'ai eu la chance d'avoir la pompe implantée, grâce à mon équipe de diabétologie de Lille qui m'a toujours soutenu. L'invalidité, je ne la supporte pas. De ce fait, je travaille un peu en cantine dans une école maternelle et comme correspondante locale de presse à la Voix du Nord. Ces jobs m'aident à me sentir comme tout le monde.

 

Puis, en juillet 2006, la pompe implantée a fait des siennes et nous avons dû interrompre ce traitement.

 

En octobre, branle-bas de combat : on me propose la greffe d'îlots de Langherans. J'ai subi tous les examens qui sont favorables. Eh oui, presque 51 ans de diabète et je peux prétendre à cette greffe. Je suis en attente du nouveau protocole et l'équipe soudée de diabétologues et de chirurgiens pour la greffe m'encourage vivement. Quelle joie, je vais enfin ne plus connaître les hypos que je ne ressens plus depuis un certain temps ! (À suivre…)

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