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Témoignage

Virginie, 35 ans (04)

5 mai 2007 : cela fait 3 semaines que je ne dors presque plus, et j’ai perdu près de 5 kg…Est-ce mon divorce qui se profile à l’horizon ou plutôt cette infection urinaire à l’origine de tout ça ? Samedi matin : je vois mon médecin et lui explique qu’en plus de l’infection, j’ai du mal à dormir car je suis sans cesse en train de me lever pour uriner et pour boire. Effectivement, ce sont les symptômes d’un diabète…Il est assez sceptique mais me prescrit une prise de sang que je prévois de faire le lundi.

Samedi après-midi : ballade en montagne avec une copine… Pendant la randonnée, on discute comme à notre habitude et maman d’un enfant " DID ", elle me propose, en rentrant, de faire un dextro. Ce que je fais. Il est 16h30… le dextro affiche 4.63 g… ma copine a les larmes aux yeux, elle ne veut pas que je prenne la voiture pour rentrer ; je ne comprends pas bien pourquoi sur le moment. Certainement, parce qu’au fond, je ne connais pas cette maladie ! Je la rassure, mais elle sait très bien ce qu’il est en train de m’arriver.

 

Je pars finalement chez mon médecin, de garde en ce week-end d’élections présidentielles. Il me fait un second dextro… 5.27g […] S’en suit une longue explication sur la maladie mais surtout sur le traitement qu’il me prescrit…4 piqûres par jour, dextros à gogo. Il me rassure en me disant qu’il sera à mes côtés tout le week-end et me demande de l’appeler toutes les 2 heures. Je rentre à chez moi totalement sonnée car je n’arrive pas à comprendre ce qu’il m’arrive et surtout la gravité de la chose. Je suis épuisée, et comme me l’a conseillé le docteur, je demande à mon futur ex-mari de passer la nuit à la maison pour veiller sur notre fils de 4 ans et sur moi, sur mon état.

 

4 heures sont passées quand je me sens plus que mal, je ne tiens plus debout, je vais tomber, c’est sûr… JC (mon médecin) arrive en quelques minutes… 6.5 de tension, il décide de me faire évacuer par les pompiers à l’hôpital…Durant mon séjour, j’apprends ce qu’est cette maladie, les conséquences, le traitement, le régime alimentaire… tout ce que l’on peut savoir… tout sauf la cause. On me parle alors de « choc émotionnel ». Alors, même si j’avais certainement des prédispositions dans mes gênes, je me penche sur la vie que je mène depuis de nombreux mois, sur tout le mal que j’encaisse sans rien dire depuis tout ce temps, et tout devient très clair [...]

 

Juin 2010 :  je viens de me pacser avec l’homme de ma vie…et nous aménageons dans notre maison. Tout pourrait aller pour le mieux, mais de nombreux matins sont mouvementés par des réveils à coups de glucagen. Ça commence à faire beaucoup, beaucoup trop d’hypoglycémies depuis quelques temps. Je décide de rentrer une semaine à l’hôpital pour faire un bilan et un essai pompe. Nouvelle éducation sur la maladie, ça fait du bien… nouvelles rencontres avec des patients du service, ça fait du bien aussi de pouvoir discuter avec des gens « comme moi ». Je n’aurai jamais pu penser valider l’idée de porter une pompe à insuline, un « corps étranger » sur moi H24, qu’en serait-il de ma féminité, qu’en serait-il de mon intimité ?… Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir franchi le pas plus tôt, car ces questions sont finalement superflues quand on voit le résultat de traitement. Je rentre à la maison avec ce nouveau protocole ; la vie continue ! Et une hospitalisation semaine est planifiée chaque année pour les bilans.

 

Septembre 2013 : cela fait 3 ans que je vis avec ma copine « la pompe » sur moi…et le top du top, c’est que je ne la vois presque jamais, car mon modèle est télécommandé par mon dextro… tout se fait à distance. La pompe est coincée dans mon soutien-gorge, et personne ne voit rien ! Mon diabète est stable depuis pas mal de temps maintenant, avec des hauts et des bas…c’est le jeu !

 

Le plus important, c’est que mon " endocrino " nous donne le feu vert pour une grossesse ![...] C’est parti !!! Ca fait seulement 15 jours et déjà de gros problèmes de glycémie. Le diabète est devenu incontrôlable, que se passe- t-il ? Je pleure à chaque dextro tellement les taux sont hauts, je n’ai jamais eu des hyperglycémies si importantes ! Retour en urgence à l’hôpital… les analyses ne révèlent rien de particulier. On en conclut que tout est lié aux hormones et au fait d’avoir enlevé le stérilet… même si on ne comprend pas bien le lien !

 

4 août 2014 : tout est bizarre depuis quelques jours…coincée dans les toilettes du bureau, j’attends quelques minutes avant de me jeter sur ce test pour avoir enfin la réponse…Yes ! Bébé est en route ! Je ne peux pas le dire au papa par téléphone, il va falloir attendre quelques heures…oui mais le diabète ? J’appelle mon " endocrino ", qui s’exclame de joie et me dit « lundi, tu es là à la première heure dans le service ! ». Une nouvelle fois hospitalisée, on prend le temps de m’expliquer l’influence des hormones et leur impact sur ma glycémie tout au long de la grossesse. Je décide de m’initier aussi à l’insulinothérapie fonctionnelle, qui change ma vie ! Je repars confiante.

 

Les 3 premiers mois sont difficiles à gérer à cause de la fatigue… le 4ème mois commence bien, mais au bout de 15 jours, tout se complique au niveau de la glycémie et on me demande de m’arrêter de travailler… La grossesse est compliquée à gérer et la pression que je mets au travail n’arrange pas les choses. Je dois bien l’admettre… je ne travaillerai plus pendant plusieurs mois.

 

Mars 2015 : l’arrivée de notre petit garçon approche, et je me languis, car cette grossesse a été difficile pendant les 6 derniers mois. " Hypers sur hypers ", j’ai eu très peur des conséquences sur notre enfant. Heureusement, en tant que " DID ", nous sommes surveillées comme le lait sur le feu… ce qui est tout de même assez rassurant dans l’ensemble… Je suis à 1 mois du terme, et on a décidé de m’hospitaliser en grossesses à risques jusqu’à l’accouchement. Ayant eu une césarienne pour mon premier, on m’explique que l’on va en programmer une autre si le travail ne se déclenche pas tout seul…oui mais quand ? On surveille alors ma glycémie toute la journée et toute la nuit… et là, de plus en plus " d’hypos ", ce qui ne plaît pas à " l’endocrino " de la maternité…cela peut comporter des risques pour le bébé. On n’attend pas plus longtemps…

 

Bébé Gino pointe le bout de son nez le 18 mars. Il est parfait et en très bonne santé, il passe tous les tests « haut la main ». Cette aventure est enfin terminée ! Une nouvelle vie commence à présent…toujours en présence de ma copine « la pompe », qui ne m’a pas lâchée depuis maintenant 5 ans, et que je ne lâcherai pour rien au monde non plus !


Crédit photo : © Fotolia -  Jeanette Dietl

Photo d'illustation

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