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Témoignage

Virginie, 37 ans, infirmière

Le diabète m'est "tombé dessus" lorsque j'avais 8 ans, un coma hyper- acidocétose (11gr/l sang). Les médecins ont bien entendu tout de suite su quel mal s'était installé, mais ils ne savaient pas s'ils pourraient me sauver. Mes parents ne connaissaient cette maladie qu'au travers d'un vieil oncle obèse de plus de 65 ans...ils ne voyaient pas le rapport. Nous étions alors en avril 1987.

Je m'en suis sortie ! 3 semaines d'hospitalisation plus tard, des tas de documentation sous le bras, un régime draconien en poche et une pseudo information/formation pour mes parents et une gamine rachitique à la main...nous voilà de retour à la maison.


J'étais alors sous 2 injections par jour. J'étais en primaire, dans une petite école communale où tout le monde se connaîssait. On peut dire que l'adaptation a été douce et gentille[...]

Rapidement je suis passée à 3 injections/jour et sur conseil du pédiatre, mes parents m'ont emmené à Toul où un service de diabetologie réputé avait ouvert depuis quelques années. Maman s'est arrêtée de travailler pour s'occuper au mieux de moi...et de mes 2 petits frères. Le collège, la méchanceté des autres due à leur peur de la maladie, le bouleversement hormonal lié à l'âge...tous ces facteurs ont bien compliqué ma vie et m'ont vite amené à être dans le déni de cette maladie[...]

Les 3 années suivantes ont été difficiles : l'exclusion par mes camarades, le diabète qui devenait incontrôlable (4 injections/jour) et au milieu de ce chaos, mon petit havre de paix : mes hospitalisations répétées. L'hôpital se trouvant loin, ma famille ne pouvait pas venir tous les jours, et je me suis créée une autre "famille" avec les soignants.


J'ai rapidement été fascinée par les infirmières que je suivais à la trace. Leur gentillesse et leur empathie à toute épreuve me rendaient heureuse à chaque passage, elles étaient mes anges. Et du haut de mes 8 ans, je clamais haut et fort que je serais infirmiere plus tard. Une idée fixe qui ne m'a jamais quittée. C'était devenu le but de ma vie.


A l'âge du lycée, le diabète est devenu tellement anarchique que mon médecin diabetologue m'a imposé une pompe ! A 14 ans...c'était rude ! Devenir infirmiere devenait une obsession, mais je craignais que mon rapport avec le diabete compliquerait les choses, je ne m'assumais pas, alors comment assumer d'autres malades? Mais la pompe a changé ma vie, ma vision de la maladie et mon rapport aux autres. Je me suis épanouie, et mon rêve devenait de plus en plus accessible puisque je me sentais mieux.


Le bac en poche, j'ai passé plusieurs concours d'entrée en école d'infirmière. Mon diabète, une fois de plus, ne m'a pas aidé. L'oral était toujours un problème, je ne pouvais pas taire le rôle de ma maladie lorsqu'on me demandait quelles étaient mes motivations. La réponse du jury: " Vous ne pouvez pas être soignante et soignée, Mademoiselle " et les portes se sont fermées.


Je me suis orientée vers une fac de psychologie, sans toutefois abandonner mon rêve. J'ai pris de l'assurance, mon futur mari a joué un rôle important et m'a redonné confiance en moi. Au bout d'un an de fac, j'ai repassé les concours !Je me suis fixée un but encore plus difficile : intégrer l'école d'infirmière la plus convoitée ! 600 candidats, 35 élus. J'ai été prise....grâce à mon diabète ! Le jury a été conquis devant ma détermination et mes motivations.


Les 3 années qui ont suivi ont bien évidemment été difficiles. J'ai eu des difficultés à gérer le rythme hospitalier avec les contraintes du diabète. Mais c'était sans compter  l'arrivée dans l'équipe éducative de l'ifsi d'Elisabeth, mon ancienne infirmiere éducatrice ! J'étais loin de chez mes parents et elle est devenue une aide précieuse. L'équilibre de mon diabète était difficile...la vie étudiante, l'absence des parents, une liberté toute neuve...


J'ai eu mon Diplôme d'Etat avec mes autres camarades, c'est Elisabeth qui me l'a remis lors de la remise des diplômes, la larme à l'œil. Moi avec. J'avais réussi. (Et avec une grossesse en dernière année! Mais ça, c'est une autre histoire!)

Aujourd'hui je suis une infirmiere comblée, après de nombreuses expériences professionnelles liées aux déménagements et changements de boulot de mon mari, j'ai enfin trouvé ma place au sein d'une association d'aide aux sdf. Mon surnom de "mère Theresa" tellement entendu tout au long de ma petite vie prend enfin tout son sens. Je peux me décharger de toute mon empathie et ma générosité avec en retour tellement de joie dans les yeux de ceux qui les reçoivent.

Il ne faut pas laisser sa maladie empiéter et diriger sa vie. J'ai rencontré des diabétiques avec des vies hors du commun, tout est possible. J'ai surtout rencontré des patients atteint d'autres maladies dont l'issue peut être fatale, avec un courage exemplaire. À chaque fois, j'ai reçu une leçon de vie! Il ne faut jamais se laisser abattre, même si ce n'est pas toujours évident. Je suis également maman de 3 enfants, en bonne santé.

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