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Zona et diabète : pensez aussi à la vaccination

Les personnes atteintes de diabète ont un risque plus élevé de développer de graves complications infectieuses qu’elles soient virales, bactériennes ou liées à des mycoses.  Parmi les maladies virales, le zona est largement méconnu alors que cette affection peut être longtemps douloureuse et susceptible d’entraîner des complications sévères.  Quels sont les liens entre diabète et zona, comment s’en prémunir ? A l’occasion de la Semaine Européenne de la vaccination du 25 avril au 1er mai 2022, la Fédération fait le point avec le Pr Bernard Bauduceau, diabétologue.

 

Qu’est-ce que le zona, quelles en sont les causes ?

Le zona est lié au réveil du virus latent de la varicelle et du zona qui se réactive et se réplique à l'occasion d'un fléchissement de l'immunité cellulaire. Plus de 95% des adultes sont porteurs du virus et sont donc susceptibles de présenter un zona. En France, la survenue d’un zona intéresse environ une personne sur quatre au cours d'une vie entière et 300 000 nouveaux cas sont répertoriés chaque année par le réseau Sentinelles*.

Le diagnostic de zona est habituellement facile puisqu’il se manifeste par une éruption qui ressemble à celle de la varicelle avec la formation de petites plaques rouges qui précèdent l’apparition de vésicules puis de croutes. Cependant, contrairement à la varicelle, la topographie de l’éruption suit le trajet d’un nerf sensitif. La localisation la plus fréquente se situe au niveau du torse sur la moitié du corps (voir figure) mais peut toucher d’autres territoires notamment du visage avec des complications oculaires qui peuvent être graves. 

zona
 

La localisation intercostale est la plus fréquente du zona

 

En raison du déficit immunitaire lié à l’âge, la population des seniors est particulièrement touchée par le zona et les névralgies post-zostériennes** qui sont des douleurs souvent très pénibles persistant parfois longtemps après la guérison apparente du zona. En France, les données du réseau Sentinelles montrent que la médiane de survenue du zona se situe à 62,5 ans et que plus de la moitié des personnes atteignant 85 ans a déjà présenté un zona. Enfin, les récidives d’épisodes de zona sont tout à fait possibles dans le même ou d’autres territoires.

Les personnes atteintes de diabète sont-elles plus exposées au risque de développer un zona ?
Pourquoi ? 

Toujours selon les données du réseau Sentinelles, près de 150 000 cas de zona sont répertoriés en France chaque année chez les sujets de plus de 60 ans. Comme cette classe d'âge comporte plus de 10% de personnes diabétiques, il est vraisemblable qu’au moins 15 000 patients diabétiques présentent un zona chaque année d’autant que son incidence est majorée au cours des affections chroniques et du diabète en particulier. Ainsi, le risque de présenter un zona est multiplié par 3 chez les patients diabétiques de type 2 âgés de plus de 65 ans. Ce fait n’est pas pour surprendre en raison de la prédisposition des patients diabétiques aux différentes infections.
Le risque de zona serait lié à la baisse de l’immunité spécifique contre le virus, notamment en raison de l’âge. La vaccination relance l’immunité à médiation cellulaire spécifique qui maintient le virus à l’état latent. En effet, le vaccin prévient la survenue du zona et de ses complications en induisant un contrôle de la réactivation et de la réplication du virus.

 

Quelles sont les conséquences de la survenue d’un zona chez les personnes diabétiques ? 

L’incidence du zona est plus marquée chez les patients diabétiques présentant déjà des complications. Ainsi, la localisation ophtalmique du zona constitue une menace supplémentaire pour la fonction visuelle de ces personnes.
Le risque de survenue de névralgies post-zostériennes est majoré de 20% chez les personnes diabétiques par rapport au reste de la population comme le montrent de nombreuses enquêtes. Chez les malades présentant une neuropathie diabétique douloureuse, la survenue de névralgies post-zostériennes ne peut qu’aggraver les symptômes et compliquer une prise en charge déjà souvent difficile. Enfin, une altération de la fonction rénale peut nécessiter une adaptation de la posologie de certains médicaments prescrits pour les névralgies post-zostériennes et limiter leur efficacité.  
Comme pour tout épisode infectieux, le zona et les douleurs qui lui sont associées, peuvent perturber l'équilibre du diabète, ce qui nécessite une surveillance attentive et une adaptation éventuelle du traitement hypoglycémiant. 
Dans la mesure où la moitié des patients diabétiques de type 2 est âgée de plus de 65 ans et que le diabète se complique volontiers de neuropathies pouvant être douloureuses, la prévention du zona et de ses complications apparaît particulièrement pertinente.

 

La vaccination contre le zona est inscrite dans le calendrier des vaccins recommandés, en quoi consiste-t-elle ? Quel type de vaccin est utilisé ?

Un vaccin contre le zona (Zostavax ®) est disponible sur le marché français depuis juin 2015. Le Haut Conseil de la Santé Publique recommande cette vaccination chez les adultes âgés de 65 à 74 ans révolus avec un schéma vaccinal comportant une seule dose. Il s'agit d'un vaccin vivant atténué, contenant la même souche virale que le vaccin contre la varicelle mais à un dosage 14 fois plus élevé. Ce vaccin ne comporte ni adjuvant, ni aluminium mais il est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées puisqu’il s’agit d’un vaccin vivant. La nécessité d'une dose de rappel n'est actuellement pas établie du fait de la durée de la protection estimée à 10 ans. Toutes les personnes antérieurement infectées par le virus, c’est-à-dire la quasi-totalité de la population, sont susceptibles de développer un zona. 
Cette vaccination contre le zona mériterait donc de s’inscrire dans le rendez-vous vaccinal du sujet de 65 à 74 ans révolus, dans le même temps que les vaccins classiques de rappel et ceux contre la grippe et le pneumocoque. La prescription de ce vaccin est faite par un médecin et l’injection peut être réalisée par une infirmière. Au cours des prochaines années, un vaccin sous-unitaire inactivé*** devrait être disponible et pourrait être administré aux patients immunodéprimés. 

 

Quelle en est l’efficacité ? Quels sont les bénéfices en cas de diabète ?

Au cours des études cliniques d'enregistrement, ce vaccin a fait la preuve d'une capacité significative à réduire l’incidence du zona et des névralgies post-zostériennes et a montré un bon profil de tolérance comme cela est indiqué dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP). 
Ainsi, les différentes études dans l’ensemble de la population ou chez les personnes diabétiques ont démontré que ce vaccin entraînait une diminution de 50 à 65% des cas de zona et des complications douloureuses ou ophtalmologiques. La persistance de la protection vaccinale dure jusqu'à 8 ans en ce qui concerne la diminution de l'incidence du zona et à 10 ans pour la réduction du retentissement de la maladie comprenant la sévérité de la douleur, sa durée et l’inconfort qui en résulte. 
Le vaccin contre le zona présente un bon profil de tolérance comme cela a été montré au cours des essais cliniques. Les principaux effets indésirables sont ceux survenant au niveau du site d'injection, ainsi que des manifestations passagères comme des céphalées, des éruptions cutanées, des douleurs des extrémités et de la fièvre. A ce jour, plus de 35 millions de doses ont été distribuées dans le monde depuis 10 ans et le profil de tolérance n'a pas été modifié. Ainsi, le vaccin offre la possibilité d‘une prévention intéressante du zona et des névralgies post-zostériennes sans effets secondaires graves à redouter. 

 

Est-il pris en charge par l’Assurance maladie ?

Le prix unitaire de ce vaccin est d’un peu plus de 100 € mais une seule injection est nécessaire au cours de la vie. Ce vaccin est remboursé à 30% par la sécurité sociale et la prise en charge est assurée par les organismes complémentaires dans plus de 90% des cas. 

 

En cas de suspicion de zona, que faire ? 

La suspicion de zona se fait uniquement sur sa présentation clinique qui est très évocatrice. 
Les médicaments antiviraux (aciclovir, valaciclovir) nécessitent d’être prescrits le plus tôt possible pour être efficaces. Ils sont pris par voie orale pour une durée d’au moins une semaine mais ces médicaments ne protègent pas toujours de la persistance des névralgies.
Le traitement local repose sur une douche à l’eau tiède avec un savon surgras. L’application locale d’antiseptiques non agressifs peut être utile pour éviter la surinfection des vésicules. 
Les douleurs peuvent nécessiter la prise d’antalgiques à base de paracétamol, voire de médicaments plus efficaces en cas de douleurs sévères. 
En cas de zona, il vaut mieux également contrôler régulièrement sa glycémie car le diabète peut être déstabilisé comme dans toutes les infections aiguës.
Les névralgies post-zostériennes persistantes sont souvent mal soulagées par les antalgiques usuels, aussi le recours à certains antidépresseurs ou à certains antiépileptiques peut être nécessaire. 
Enfin, en cas de localisation au niveau de l’œil, une consultation urgente en ophtalmologie est indispensable.
Pour connaitre les vaccinations recommandées et faire le point sur votre situation médicale et vaccinale, parlez-en à votre médecin traitant ou votre diabétologue

Lexique 
* Le réseau Sentinelles est un réseau de recherche et de veille sanitaire en soins de premiers recours en France métropolitaine. Créé en novembre 1984, il est développé sous la tutelle conjointe de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale  (Inserm) et de Sorbonne Université

**Névralgies post-zostériennes : au cours de la phase aiguë du zona, il existe habituellement des douleurs d’origine neurologique (on parle de névralgies) dans la région de l’éruption. 
Assez souvent, notamment chez les personnes âgées, ces douleurs peuvent persister des mois voire des années et constituer les névralgies post-zostériennes fréquemment très pénibles et difficiles à traiter.

Vaccin sous-unitaire inactivé*** : Il s’agit d’un vaccin constitué d’un fragment (on parle alors d’un vaccin sous-unitaire) d’un virus tué. Ainsi, contrairement au vaccin actuel qui est vivant, il pourra être administré aux personnes immuno-déprimées.

Pour en savoir plus : 
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/zona

https://vaccination-info-service.fr/

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