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Quel est le rapport à la vaccination Covid 19 des personnes diabétiques ?

02/09/2021
Étude DIABEPI
La Fédération Française des Diabétiques et la Cnam réagissent à ces résultats.

 

Le diabète et les maladies qui lui sont le plus souvent associées sont majoritairement responsables d’une évolution défavorable de la COVID-19. C’est la raison pour laquelle le taux de vaccination des personnes diabétiques est substantiellement plus élevé que celui de la population générale : au 27/06, 75,3% des personnes diabétiques avaient reçu une dose et 62,7% une seconde dose, contre respectivement 49,6% et 31,6% pour la population générale (source Cnam). Mais alors que les données scientifiques disponibles indiquent que la vaccination contre ce virus permet de diminuer le risque de développer une forme grave de la maladie, certaines personnes atteintes de diabètes restent réticentes à la vaccination. Afin d’identifier et de mieux comprendre les motivations de ces personnes, la Fédération Française des Diabétiques a réalisé une étude quantitative sur le rapport à la vaccination des personnes diabétiques (DIABEPI).

Covid 19 et diabète qu’a-t-on appris ?

Le nombre de personnes diabétiques admises en réanimation est deux à trois fois plus important que celui des personnes sans comorbidité et leur risque de décès est plus élevé. En France, l’étude CORONADO portant sur 2 796 patients diabétiques hospitalisés pour une infection à la COVID-19 rapporte que des antécédents de complications microvasculaires (maladies des yeux et des reins notamment), la prise quotidienne d’anticoagulants ou des problèmes cardio-respiratoires sont associés à une plus forte mortalité.
Il est donc primordial de prémunir les personnes diabétiques d’une infection par la COVID-19. Alors que les données scientifiques disponibles montrent que la vaccination contre la COVID-19 permet de limiter le risque d’infection et surtout de diminuer la probabilité de développer une forme grave de la maladie, certaines personnes, diabétiques ou non, doutent, voire s’opposent à la vaccination. Il en résulte qu’elles s’exposent à un risque d’infection, d’hospitalisation et de mortalité plus important, mais aussi de contamination d’autrui.
Qui sont les personnes réticentes à la vaccination ? Pourquoi ? Que leur dire et comment leur dire ? C’est dans cette optique que la Fédération Française des Diabétiques, par l’intermédiaire de son Diabète LAB* a réalisé une étude quantitative sur le rapport à la vaccination des personnes diabétiques et sur leur vulnérabilité face à l’épidémie de COVID-19 (DIABEPI).

Les constats et conclusions de cette étude (cf Annexe) montrent que les personnes ayant un faible niveau d’études, de revenus et d’accès à l’emploi et les personnes diabétiques mal équilibrées ou atteintes de complications, sont celles qui bénéficieraient le plus de la vaccination contre la COVID-19 et qui y sont les moins favorables.

Face à ses résultats, la Fédération s’est associée à des personnes diabétiques et dotée d’un conseil scientifique pluridisciplinaire pour être force de propositions et pour se préparer à un possiblement ajustement des mesures face au variant Delta.

La Fédération met en place une campagne de communication à destination des patients diabétiques et de leur entourage pour souligner l’importance de la vaccination Covid pour diminuer le risque de développer une forme grave de la maladie pour les personnes diabétiques. Cette campagne cherche à sensibiliser les personnes qui y sont les moins favorables et qui pourtant en bénéficieraient le plus, particulièrement les femmes, les personnes avec un faible gradient social de santé, les personnes diabétiques mal équilibrées ou avec des complications.
Les différentes actions sont relayées par la Cnam via son dispositif sophia et ses canaux de communications associés.
En parallèle, la Fédération Française des diabétiques conjointement avec la Cnam s’adressera prochainement aux acteurs de santé dans une campagne de sensibilisation. Elle organisera différentes actions destinées aux professionnels de soins primaires :
• Aux pharmaciens d’officine
• Aux médecins généralistes
• Aux infirmiers libéraux

A retenir :

 

Les vaccins sont efficaces. Le centre de recherche en épidémiologie et en statistiques de la Sorbonne a notamment mis en ligne une plateforme permettant de calculer en direct les bénéfices et les risques associés à la vaccination contre la COVID-19. Ainsi, pour 10 000 femmes âgées de 50 à 59 ans, le vaccin Astra Zeneca permettrait d’éviter plus de 7 000 contaminations, 10 décès, 183 hospitalisations, 815 formes longues du COVID.
Les vaccins sont sûrs. Sur ces 10 000 personnes vaccinées, seules 2 auraient un effet secondaire grave, mais non mortel dans les 2 mois qui suivent l’injection. La surmédiatisation de certains effets indésirables graves associés aux vaccins, notamment au vaccin Astra Zeneca, induit une perception biaisée des risques. Il y a 48 fois plus de risques de mourir d’une chute, 22 fois plus de risques de mourir dans un accident de la circulation, 11 fois plus de risques de mourir dans une piscine privée et 5 fois plus de risques d’être la victime d’un homicide que de mourir à la suite de la vaccination par le vaccin Astra Zeneca.
La balance bénéfice-risque est donc très largement positive.

 

Annexe - Etude DIABEPI

*Qu’est-ce que le Diabète LAB ?

Créé en 2015, Diabète LAB est une structure de production d’informations et de connaissances sur la qualité de vie des patients diabétiques, avec pour missions de :
- Lancer l’alerte auprès des décideurs ou des autorités de santé
- Mettre en place des actions d’aide et de plaidoyer, dans le souci de répondre aux attentes des patients
- Être un acteur incontournable pour l’ensemble des partenaires qui co-agissent pour l’amélioration de la prise en charge du diabète et des diabétiques.

Diabète LAB est un outil de communication avec les patients. Il permet aux personnes diabétiques de devenir actrices de leur maladie mieux comprendre leur mode de vie avec le diabète et au-delà du diabète, car chaque patient est avant tout une personne.

*Un design d'étude collaboratif

Le questionnaire de l’étude DIABEPI a été diffusé en avril 2021. Celui-ci a été co-construit avec des personnes diabétiques ainsi qu’avec un comité scientifique constitué notamment d’un sociologue, de diabétologues, d’un médecin généraliste, d’un pharmacien, d’un médecin de santé publique, d’un éthicien, d’un méthodologiste et de représentants de patients (FAS, FFD). Les analyses statistiques ont été réalisées par le Diabète LAB. 3 507 réponses ont pu être analysées.
L’âge moyen des répondants était de 59 ans. 52 % des répondants étaient des femmes et 48 % des hommes. Les répondants avaient un niveau d’études plutôt élevé. Pour 44 % d’entre eux, celui-ci était inférieur ou égal au baccalauréat et puis pour 56 %, le niveau d’études était supérieur ou égal à un Bac +2.

*Quels paradoxes révèle l’étude DIABÉPI ?

Les Français figurent parmi les plus réservés au monde à l'idée de se faire vacciner contre le Covid-19. En cause, la suspicion quant à l'efficacité et la crainte des effets secondaires. Qu’en pensent les Français diabétiques ?
85 % des répondants déclaraient être plutôt ou très favorables à la vaccination contre la COVID-19. 15 % des personnes n’étaient pas favorables ou pas du tout favorables à la vaccination contre la COVID-19.
• Crise de confiance
Si 67 % des personnes interrogées pensaient qu’il y avait suffisamment d’éléments pour juger de l’efficacité des vaccins, ils n’étaient que 51% à penser qu’il y avait suffisamment d’éléments pour juger de l’absence d’effets toxiques des vaccins contre la COVID-19. 23% des répondants souhaitant se faire vacciner déclaraient une incompréhension de la politique de priorisation vaccinale qui était susceptible de les faire renoncer à la vaccination. Les personnes interrogées avaient un niveau de confiance moyen dans les décisions prises par les autorités de santé de 4,4/7 (1 : absence totale de confiance et 7 : confiance totale).
• Inégalité hommes/femmes
Les personnes les plus favorables à la vaccination étaient plutôt des hommes, avec un niveau d’études supérieur au bac+2 et exerçant ou ayant exercé une profession caractérisée par un haut niveau de revenus et de sécurité sur le marché de l’emploi (professions intermédiaires et cadres). Ces
personnes
étaient proportionnellement plus nombreuses à déclarer avoir un diabète équilibré et ne souffrir d’aucune autre maladie.
Les personnes les moins favorables à la vaccination étaient plutôt des femmes, avec un niveau d’études inférieur au baccalauréat et exerçant ou ayant exercé une profession caractérisée par un faible niveau de revenus et de sécurité sur le marché de l’emploi (employés, ouvriers, artisans et agriculteurs). Ces personnes étaient proportionnellement plus nombreuses à déclarer avoir un diabète mal équilibré et souffrir d’autres maladies.

Les personnes qui déclaraient avoir un diabète mal équilibré et au moins une autre maladie pouvant être considérée comme une complication du diabète étaient moins favorables à la vaccination que les autres. Ce résultat peut être considéré comme paradoxal, puisque la balance-bénéfice/risque penche clairement du côté des bénéfices dans cette population. Ces personnes sont en effet, plus que les autres, susceptibles de développer une forme grave de COVID-19 pouvant entraîner l’hospitalisation, voire le décès. Or, les différents vaccins existants permettent justement de limiter efficacement l’aggravation de la maladie (bénéfices) et leurs effets indésirables graves sont peu nombreux (risques). Ces éléments peuvent faire discuter l’origine du déséquilibre du diabète et des complications : s’agit-il de formes graves de diabète ou au contraire de patients peu adhérents aux traitements, ce qui expliquerait ainsi le mauvais équilibre et les complications ?
• Niveau d'études
Les personnes qui bénéficieraient le plus de la vaccination contre la COVID-19 y sont les moins favorables. Ce paradoxe apparent est l’une des manifestations des inégalités sociales de santé. Il existe en effet un lien entre la position dans la société (niveau d’études, de revenus, accès à l’emploi) et la santé. Les personnes aux revenus et aux niveaux d’études les plus modestes sont plus susceptibles d’être en moins bonne santé. Ce phénomène, nommé gradient social de santé, pourrait permettre de comprendre pourquoi les personnes avec le niveau d’études le plus bas et les professions les moins rémunératrices déclaraient avoir un moins bon équilibre du diabète et plus de maladies que les autres personnes. Les faibles ressources financières impactent le mode de vie des personnes et ne leur permettent pas toujours d’accéder aux soins de santé, à une alimentation équilibrée et à une activité physique adaptée. D’autre part, le discours des professionnels et des autorités de santé n’est pas toujours accessible à tous, ce qui peut entraver la compréhension des messages de santé publique par le plus grand nombre. Cela se manifeste souvent par de la méfiance, voire de la défiance envers les discours institutionnels. Ces attitudes permettent certainement de comprendre pourquoi ces personnes sont moins favorables à la vaccination.

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