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Témoignage

Sonia

Je vais bientôt passer ma licence de philosophie. Il fait doux. J'en profite pour aller à pied jusqu'à la Sorbonne. Le chemin ne m'a jamais paru si long. Je m'essouffle vite ces temps-ci et j'ai soif. Si soif. Je suis fatiguée, sans raison semble-t-il. J'ai maigri, mais ça, c'est plutôt agréable. Je peux désormais manger tout ce que je veux, sans souci.

Chaque enjambée est comme un effort désespéré pour ne pas sombrer. Je n'ai rien mangé hormis un quartier de pomme et j'ai envie de vomir.


Je serre les dents. J'espère seulement ne pas m'écrouler. Ne pas vomir dans la rue, devant tout le monde. Tenir. Ne pas me faire pipi dessus comme l'autre jour dans le métro, quand je me suis enfuie, honteuse, en laissant des empreintes de chaussures humides sur le quai.


Je sens qu'on me secoue doucement. «Tu veux que j'appelle un médecin ? ». Je ne vois plus grand-chose. Tout est gris.


Trois jours plus tard, j'ai toujours aussi soif. Une main douce et attentive apaise mes lèvres avec un gant de toilette humide. Je suis trouée, tuyautée de partout. « Prendre soin », tout est dit. Quelques jours plus tard, le médecin réanimateur vient me voir. C'est lui qui m'a réceptionnée quand j" étais à l'état de colis et il est content de me voir ainsi, faible mais consciente. Heureux de m'avoir tirée d'affaire.


C'est le premier qui me parlera du diabète et il me dira une chose que je n'ai jamais oubliée depuis : « Tu es diabétique, mais le diabète n'est pas toi. N'oublie jamais que c'est le diabète que tu dois adapter à ta vie et non toi à ton diabète ». C'était en juin 1984 dans le service de réanimation de l'Hôpital Cochin.

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